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Chapitre 16

  Cauchemar. Née du calcaire, la bouche me sourit et ses dents hachent ma réalité.

  émergeant en dehors du Royaume éthéré, je peinais à me rassurer. J'évitais encore de justesse l'attaque et vainquais mon adversaire. Il se trouvait désormais au-dessus de moi, figé sur ma vo?te calcaire. étais-je allongé ou envolé ? Des rivières de larmes suintaient, s'écoulaient jusqu'à que la gravité fasse son ?uvre et m'arrose de sa bonté. Où suis-je ? fut la première question que je me posa en revenant à moi, dehors, dedans ? la seconde. J'étais couvert de bruine, harcelé par l'acreté de l'air, visiblement allongé... Dans une grotte. Ploc, la goutte qui s'était formée me tomba sur le front. Ma nuit de fuite s'était soldée par une réussite surprenante. J'avais atteint Glückenberg sans m'en rendre compte et mes mains, animées par l'automatisme inhérent à mes multiples expériences personnelles, étaient même parvenus à allumer un feu... Sauf qu'une de mes mains était morte, qu'un foyer de pierres surmonté par une grille accompagnait ? mon ? ?uvre et qu'avant de m'évanouir j'avais visiblement accumulé tout un matos de camping. J'avais été capable de tout ?a, mais pas de me rappeler de comment faire un feu sans s'intoxiquer. Le roi des cons était de retour et je ne le remerciais pas.

  Je tenta de me relever, essayant de m'appuyer sur mon bras démonté qui ne me répondit pas. Je sentais une traction dans celui-ci, comme si une araignée s'en était emparée et le ramenait au bercail en tirant petit à petit sur sa soie. Mon cou m'obéissait et aussi vis-je son sale état. Je vous ai déjà dit que la première chose que l'on remarquait chez-moi était une certaine particularité physique... L'ensemble de mes muscles de ce c?té s'assuraient de me tourmenter en me donnant une allure jurassique.

  - Amputation... T'es con.

  J'aurais d? dire oui, allez-y ! Je t'en foutrais de la septicémie.

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  - J'ai bien un couteau quelque part, me répondit-on de bonne humeur.

  Les voix de ma nuit revenaient. Aux pieds d'une de ces chaises à l'épreuve du temps, je vis une paire de bottes crottées. Un haut-le-c?ur s'empara de moi et je ne pus me retenir. J'avais tenté de me mettre d'aplomb trop rapidement et mon estomac me punit. Je vomis de tout mon so?l dans la bassine qu'on me tendit. Je voulus remercier mon sauveur, mais...

  - Vous m'aviez pourtant dit ne rien savoir, mais ?a ressemble vraiment à une planque.

  Terrence, l'inspecteur qui m'avait cuisiné à propos d'Hector se récurait les ongles avec un scalpel. La barbe sur son cou me fascina aussit?t. On aurait dit du poil de lapin.

  - Que faites-vous ici ? Où suis-je ? Vous m'avez suivi ?

  Tant de questions venant de celui qui n'était pas en position de les poser.

  - Je n'étais pourtant pas si discret... Je me disais bien qu'il suffirait de vous suivre pour mettre le grappin sur nos copains. Je manquais d'énergie hier... Puis, la femme a un fusil. Je ne pensais pas la retrouver ici. Comment appelez-vous ?a ? Toucher le jackpot ?

  - Ils vont revenir...

  - Pour me détruire ? Peut-être. Je ne sais pas si j'en ferais de même de mon c?té. ?a serait dr?le de laisser la nature faire son ?uvre pour une fois, voir votre misérable civilisation na?tre et dispara?tre dans la forêt... Vous êtes condamnés à errer entre les murs.

  Il posa le scalpel. Ce que je pris pour de la rouille s'avéra être du sang, encore frais. L'inspecteur se leva, me toucha l'épaule du bout du doigt :

  - Désolé pour ?a, comme je l'ai dit je manquais de force... J'ai d? d?ner, mais je ne suis pas une bête sans c?ur... me dit-il en désignant les débris d'une seringue. Un peu d'anesthésie. Je ne garantis pas la suite de votre guérison. Au moins, vous avez encore vos deux bras... Plus ou moins.

  La réminiscence de l'h?pital me vint. Je me souvins du vampire qui se muait. La barbe de Terrence devait en être un reliquat.

  - Ils vont voir votre mue à l'entrée, partir chercher du monde en dehors et revenir...

  - Parce que vous pensez qu'il existe un monde en dehors du camp ?

  Oui, je le pensais. J'en suis fichtrement s?r.

  Le reste, reste à découvrir.

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